a) Les logiciels d’écriture. L’écrivain en devenir, toujours un peu feignant sur les bords (sinon il serait déjà devenu) s’imagine que l’utilisation d’un logiciel d’écriture va lui permettre de rédiger son roman en toute tranquillité, grâce à un travail qu’il suppose pré mâché. C’est à l’évidence une douce illusion. Car qu’est-ce qu’un logiciel d’écriture, en définitive ? Un traitement de texte élaboré qui permet soi disant d’organiser son travail grâce à des modules dédiés (chapitre, structure, personnages, etc.) Très bien, sauf que tout cela, on peut le faire avec la même efficacité sur un simple traitement de texte. Si l’on prend pour exemple la structure, il suffit d’avoir un document de ce nom, de l’ouvrir en arrière plan et de s’y référer lorsque l’on en a besoin.
Donc premier constat : ce type de logiciel n’apporte rien d’intéressant du point de vue organisation. Mais si l’on pousse un peu plus loin l’étude on s’aperçoit que non seulement il n’apporte rien, mais qu’il complique tout à fait inutilement le travail. Nous passerons bien sûr sur le fait qu’il faille apprendre à se servir du logiciel - et selon les personnes, cela peut représenter un temps perdu non négligeable – pour insister sur la complexité tout à fait hors de propos des « aides proposées », qui s’avèrent plus des entraves à la création qu’autre chose. Prenons le module « Personnages ». Le logiciel va s’ingénier à vous posez quantité de questions plus superfétatoires les unes que les autres sur le caractère et la couleurs des yeux de Robert et de Julie, et qui pour leur très grande majorités ne vous serviront à rien, si ce n’est à vous embrouiller. Quant aux modules d’aides à la création, ils ne font que reprendre les théories habituelles que l’on peut trouver à peu près n’importe où.
En conclusion, l’argument de vente des ces logiciels reposent sur la croyance irraisonnée des auteurs en devenir dans les pouvoirs sans limite de l’informatique. En l’occurrence, il faut se rendre à la raison, en dehors de l’utilisation d’un simple traitement de texte, l’informatique ne peut rien pour vous.
b) Les ateliers d’écriture
Les ateliers d’écritures s’adressent principalement aux gens qui n’ont pas l’habitude d’écrire. A l’aide de petits exercices, ils vont pouvoir mettre en oeuvre leur potentiel créatif (qui existe, à plus ou moins forte dose, chez chacun d’entre nous). Le résultat prendra la forme de textes courts dont l’émergence a été favorisée par une contrainte simple. Par exemple, écrire des phrases en commençant par « Je me souviens… ». (Exercice inspiré du « Je me souviens » de Georges Perec). Dans cet optique, les ateliers d’écritures sont des entreprises louables. Mais la tentation est grande d’attirer un plus grand nombre d’inscrits, dont les objectifs sont plus ambitieux : les auteurs en devenir. Mais comme l’a remarqué François Bon, on reconnaît le véritable écrivain à son inaptitude à se plier aux contraintes imposées par les ateliers d’écritures. Un véritable écrivain possède une voix, un univers, totalement incompatible avec ce genre de jeux. Cela ne signifie pas qu’il sera forcément improductif, mais le résultat lui semblera piteux, sans intérêt et sa présence lui apparaîtra très vite comme totalement incongrue.
Cela n’empêche pas la plupart des ateliers d’écritures de proposer des modules spécifiques à la création d’un roman. Or, à de rares exceptions, les animateurs de ces ateliers n’ont jamais écrit de romans ou pour le moins n’ont jamais été publié. On peut dès lors douter du bien fondé de leurs conseils. Tout cela sent par trop l’amateurisme pour être tout à fait honnête.
Dernier point, mais pas le moindre : dans un atelier d’écriture, jamais on ne vous dira que votre production est exécrable. A cela deux raisons, une bonne et une mauvaise. La bonne : la plupart des gens qui participent à ce type d’ateliers ont besoin de prendre confiance en eux, et il serait tout à fait déplacé de les confronter par trop brutalement à leur propre médiocrité littéraire. N’oublions pas qu’une des vocations des ateliers d’écritures et de fabriquer des gens heureux d’eux-mêmes, quitte à leur brosser l’égo dans le sens du poil. On est pas là pour apprendre, on est là pour s’exprimer et à bien des égards, l’atelier d’écriture présente d’incontestables similitudes avec la thérapie de groupe.
La mauvaise, à présent : les ateliers d’écriture sont dans leur majorité payants, et les sommes demandées sont loin d’être symboliques. Dès lors, l’objectif est de satisfaire le client afin qu’il revienne. Ainsi, dès la signature du chèque d’adhésion, le jeu est faussé.
c) Internet
Vous avez tout intérêt à vous servir de l’Internet, et ce dans plusieurs buts :
- Recherche d’idée : Le web est devenu le plus gros réservoir d’histoires disponibles au monde. Peu importe qu’elles soient vraies ou fausses, faits divers ou « légendes urbaines » : elles constituent quoiqu’il arrive une source d’inspiration prodigieuse. Ce serait vraiment dommage de vous en priver.
- Recherche d’informations : Vous avez choisi de situer votre histoire au moyen âge, mais même si l’époque vous fascine (sinon quel intérêt ?) vous avez quelques lacunes qui risquent de vous jouer des mauvais tours niveau crédibilité (Est-ce que le bracelet montre existait sous Henri IV ? Si vous avez des doutes sur la réponse, le Web vous sera précieux).
- Vous situer face à la concurrence. Comme indiqué plus haut, Internet pullule de sites et de forums consacrés à la littérature. La plupart d’entre eux sont phagocytés par des écrivains en devenir qui rêvent de se voir publiés. Les plus téméraires ont déjà inondés les maisons d’éditions de leurs manuscrits et en toute logique statistiquese sont vu opposer une fin de non recevoir (la fameuse « lettre type de refus »). Le plus souvent, ils ne comprennent pas pourquoi et s’en trouvent un peu aigris. Il crée alors un site, ou un blog, sur lequel ils vont pouvoir exposer à la terre entière l’étendue de leur génie littéraire sous forme d’extraits de romans ou de nouvelles (toujours déposés à la SACD, comme si cela avait la moindre utilité) et accessoirement déverser leur bile à longueur de forum sur les maisons d’éditions « qui ne prennent plus de risques » (en réalité et de tout temps, elle n’en n’ont jamais pris), « qui préfèrent éditer des valeurs sûres » (il faut bien gagner sa vie), etc, etc.
Même si la lecture de ces diatribes peut présenter un intérêt comique indéniable, votre priorité est ailleurs. Lisez avant tout les extraits de romans. Si vous trouvez ça pas mal du tout, pire : si vous aimeriez bien écrire comme ça, alors votre cas est désespéré. Au contraire, si l’histoire ne présente à vos yeux aucun attrait, si les personnages vous semblent fait de cartons, si la lourdeur des phrases vous accable, alors vous êtes sur la bonne voie, vous venez de découvrir ce qu’il ne faut pas faire. Mais attention, la conscience de cette médiocrité ne suffit pas. Car qui nous dit qu’une fois la plume en main, vous serez en mesure de faire mieux ?